S'il est dans la logique et correspondant, d'une certaine façon, à une pente naturelle des juristes universitaires de soutenir l'action du juge, à la fois allié et rival dans l'élaboration et l'application du droit, il n'était pas question, dans ce livre, de s'en tenir à une vision empreinte d'un optimisme béat, insupportable surtout à l'heure où la place reconnue aux tribunaux dans de nombreux pays est génératrice de tentations et de risques d'usurpation de pouvoirs.

Pour conjurer ces dangers, il ne suffit pas d'agiter le vieil épouvantail que constitue le "gouvernement des juges". C'est à des études souvent très techniques que se sont livré les auteurs, sur le statut constitutionnel du pouvoir judiciaire, sur les modes de recrutement et d'avancement des magistrats, sur les conditions de fonctionnement -saisine, coût, délai- des tribunaux, sur les avantages et les inconvénients de la création de juridictions spécialisées dans certains types d'affaires.

Après avoir, pendant des décennies et quasi depuis Montesquieu, appelé de ses voeux la mise en place, dans le cadre des régimes démocratiques, d'un véritable pouvoir judiciaire, au moment où ces souhaits semblent en bonne voie de satisfaction, des voix s'élèvent pour dénoncer les risques de dérives, nées de la médiatisation des décisions de justice, de la pression de l'opinion publique, parfois peut-être de la politisation de certains éléments de la magistrature.