L'esprit du temps glissait sur lui sans l'altérer. Familier de l'uvre de Nietzsche, le Nietzsche de la mort de Dieu et du soupçon à l'égard de la morale, il professait une vision aussi peu idéologique que possible de la réalité historique et juridique ; il adhérait toujours au langage des faits.

A travers la thématique diversifiée de ses notes et de ses écrits, une inspiration unitaire se dégage : le caractère originel du "politique", et sa primauté par rapport au phénomène juridique. À la différence de beaucoup de ses collègues, il refusait en effet de dissocier le droit de son environnement politique, économique et social.

S'il n'était certes pas idéologue, il ne se voulait pas davantage positiviste, et ne concevait pas l'étude des normes juridiques sans celle de l'idéologie qui les sous-tend et les justifie. Ce témoin de la seconde partie du 20e siècle, fertile en changements spectaculaires, en violences de tous ordres et en peurs de l'avenir, aura laissé à ses proches un souvenir et un message.

On conserve de lui le souvenir d'un esprit alerte, critique à l'égard des événements et des idées, mais toujours empreint d'une grande sérénité. Quant au message, c'est celui de l'espoir : le "cours de l'Histoire" n'est pas inéluctable, et des individus conscients et décidés peuvent le modifier ; l'Histoire est ouverte, et ce qui se défait aujourd'hui annonce des recompositions nouvelles.
 

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