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Nécessité de vigilance
Parmi les points qui appellent à une vigilance particulière, on peut évoquer tous les dispositifs d’aide au diagnostic et à la décision qui modifient déjà profondément les pratiques. Les médecins utilisent de plus en plus d’applications et de logiciels faisant appel à l’intelligence artificielle (Watson d’IBM est l’un des plus connus). Ces outils conduisent à questionner les marges d’appréciation laissées aux médecins.
Côté patients, les comportements ont aussi changé. Les patients sont nombreux aujourd’hui à utiliser des objets connectés, applications ou plateformes sur lesquelles ils transmettent des données, sans mesurer toujours les risques encourus pour la protection de leur vie privée. À bien des égards, l’intérêt de ces nouveaux outils est évident. Ils permettent d’améliorer le suivi des patients à domicile en cas de suite opératoire ou de maladie chronique, réduisant ainsi les durées d’hospitalisation... Ils fluidifient les parcours de soins et permettent d’éviter les ruptures en cas de manque d’information.
Soft Law
Autre sujet incontournable, l’impact du Big Data. Dans notre système de santé centré sur le curatif (il faut soigner !), l’Open et le Big Data permettent de brasser des données épidémiologiques qui donnent tous les espoirs pour agir en préventif sur les grandes épidémies ou les maladies chroniques. L’ouverture des données de santé va permettre de construire des politiques publiques plus efficaces, de donner enfin à la prévention toute sa place et sans doute de rationaliser les dépenses. La maîtrise des données est aussi la clé pour arriver à mettre en place de la médecine personnalisée ou « stratifiée » grâce au séquençage à haut débit de l’ADN. Il s’agit de ne pas prendre de retard dans ce qui est une véritable compétition internationale, Google, Apple, Amazon ou Facebook s’intéressant déjà au secteur de la médecine génomique.
En bref, si des cadres juridiques existent désormais, il importe de rester vigilant sur le respect de la vie privée des patients, de veiller à développer un suivi des dispositifs médicaux connectés et de se pencher sur la responsabilité des soignants. Dans ce contexte, certaines voix du monde médical plaident pour la mise en œuvre de règles souples (soft law) qui permettraient une meilleure adaptation aux innovations technologiques. Le Conseil National de l’Ordre des Médecins est par ailleurs en train de reconfigurer le code de déontologie médicale afin de proposer aux médecins un vademecum de bonnes pratiques professionnelles appliquées au numérique.
Directrice adjointe de l’Institut Fédératif d’Etudes et de Recherches Interdisciplinaires Santé Société, elle a organisé les 7 et 8 septembre derniers à Toulouse le colloque « Santé, numérique et droit(s) : quelles équations ? E-Santé : vigilances sur le futur. »
Isabelle Poirot-Mazères dirige le Master 2 Droit de la santé et protection sociale.
« L’organisation et la gestion des établissements publics de santé à l’épreuve de la médecine personnalisée », JML Droit, Santé, Société, 2015
« Dispositifs médicaux et technologies médicales innovantes », in Technologies médicales innovantes et protection des droits fondamentaux des patients, 2017, Ed. Mare et Martin
Le règlement européen de protection des données définit ce qu’est une donnée de santé, il pose les questions de l’encadrement du dossier médical partagé et de l’hébergement des données.
Big Data en santé, un dossier d’information publié par l’INSERM